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Votation du 9 février

Trop d’étrangers? La réponse des écolos

L’afflux d’étrangers nuit à l’environnement, martèlent deux initiatives contre l’immigration. Pour les têtes pensantes de Pro Natura, ce n’est pas l’immigration qu’il faut remettre en cause, mais notre mode de vie.

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La rhétorique est reprise par l’UDC, pourtant peu connue pour sa sensibilité écologique. Les chiffres qu’énumère son site internet dédié à l’initiative «Contre l’immigration de masse», qui sera soumise aux urnes le 9 février, sont d’ordre environnemental. 80'000 personnes s’ajoutent chaque année à la population suisse, ce qui a pour conséquence la circulation supplémentaire de 40'000 voitures, le bétonnage de 4448 terrains de foot comme surface d’habitation ou encore 630 millions de kilowattheures d’électricité supplémentaires, y apprend-on.

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En Suisse, la pression démographique est forte: le pays est densément peuplé, ce qui a un impact sur l’environnement. «Mais, avant de s’attaquer à l’augmentation de la population, il faut s’attaquer aux ressources consommées par personne. Ce qui compte n’est pas tant le nombre de personnes qui consomment que la manière dont on consomme», explique Nicolas Wüthrich, responsable de l’information chez Pro Natura.

Commerces de proximité

Faut-il renoncer aux voitures, téléphones portables, air conditionné et écrans géants? Baisser le chauffage et le niveau de vie? Pas forcément. Bien entendu, c’est parce qu’on consomme plus qu’on a besoin de plus de ressources, estime Nicolas Wüthrich. «Mais, dans notre consommation actuelle, on confond souvent quantité et qualité, que ce soit en termes d’énergie ou d’habitat. Toutes les expériences grandeur nature, dont celles des écoquartiers, montrent qu’il est possible de gagner en confort et en qualité de vie tout en dépensant moins. Quand on parle de densifier l’habitat dans les villes, il ne s’agit pas de construire de grandes tours impersonnelles, mais de créer des quartiers agréables, de multiplier les espaces verts, les écoles et les commerces de proximité.»

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Plutôt que de rémunérer les entreprises électriques sur les ventes, on pourrait les rémunérer sur les économies d’électricité qu’elles contribuent à réaliser. Et, pour réduire l’impact des transports, qui représentent 35% de l’énergie dépensée en Suisse, pourquoi ne pas faire en sorte que les gens aient moins besoin de se déplacer? «Il faudrait développer les commerces de proximité et construire les centres commerciaux non pas en périphérie, où le terrain est bon marché, mais dans des endroits fréquentés, énumère Nicolas Wüthrich. En outre, on pourrait aussi répercuter le coût réel de l’énergie – souvent caché dans les impôts – sur le prix de la route, des billets d’avion, voire du train.» Si le monde entier menait le même train de vie que les Suisses, trois planètes Terre seraient nécessaires. Un peu malgré elles, en abordant la question des ressources, les deux initiatives contre l’immigration lancent un débat qui risque d’occuper longtemps les politiques.

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Ils ont dit...

Renoncer à la libre circulation avec l’Union européenne et soumettre tous les étrangers (travailleurs immigrés, frontaliers et réfugiés) à un régime de contingents: l’initiative de l’UDC soumise au vote populaire le 9 février continue à susciter de nombreuses réactions.

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– «La tendance actuelle n’est pas durable. Une telle immigration nécessite d’énormes investissements dans la construction et les services de l’Etat. Ce n’est pas une stratégie de croissance pour la Suisse.» Tobias Straumann, professeur d’économie à Zurich, Le Temps du 4 janvier 2014.

– «Le retour aux contingents annuels pénaliserait clairement l’agriculture. Car les permis, en nombre limité, iraient en priorité aux branches à forte valeur ajoutée, les maraîchers ne trouveraient plus les 20'000 travailleurs qu’ils engagent en saison.» Jacques Bourgeois (photo), conseiller national, directeur de l’Union suisse des paysans, le 6 janvier.

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– «Les fonctionnaires des associations économiques défendent exclusivement des intérêts égoïstes à courte vue. Il est sans doute confortable de pouvoir engager autant de travailleurs de l’espace UE qu’on le souhaite à un moment donné pour ensuite s’en débarrasser tout aussi facilement. Or c’est exactement cette facilité qui a conduit aux excès actuels.» Communiqué de l’UDC, 6 janvier.

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– «A enjeux de société importants, lutte politique virulente. Dans cette lutte, le parti pris de la grande partie des médias est déjà annoncé. Ils feront tout, de manière parfois implicite, mais claire pour qui sait lire, et de plus en plus de citoyens savent lire, pour contribuer à la victoire du non à l’initiative, surtout d’un non à l’UDC. Pavloviens comme d’habitude.» Ueli Windisch, rédacteur responsable du site LesObservateurs.ch, 6 janvier.

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– «Le malaise de la population vis-à-vis des milieux économiques a rarement été aussi aigu. Rétablir la confiance prendra du temps. Sur ce coup-là cependant (celui de l’initiative UDC contre l’immigration, ndlr), les citoyens suisses seraient bien avisés d’écouter les patrons.» Alain Jeannet, rédacteur en chef de L’Hebdo, 9 janvier.

Les guirlandes de Noël

Les technologies existent. Or, ampoules économiques et frigos moins gourmands n’y font rien: la consommation d’énergie par habitant continue d’augmenter. «Très souvent encore, on utilise mal l’économie d’énergie: au centimètre carré, un appareil comme un smartphone consomme moins qu’avant. Mais plutôt que de favoriser cette consommation moindre, les constructeurs l’utilisent pour pousser les prestations de l’appareil en proposant, par exemple, un écran plus grand. En définitive, l’appareil consomme autant ou plus qu’avant», explique Nicolas Wüthrich, responsable de l’information chez Pro Natura. D’autre part, entre les tablettes, ordinateurs, ordinateurs portables et autres écrans, les appareils électroniques et électriques ne cessent de se multiplier. «L’offre est telle qu’on a tendance à toujours augmenter le superflu. Certes, on met des ampoules économiques, mais on en utilise plus qu’autrefois: il n’y a qu’à observer la foison de guirlandes lumineuses de Noël.»